vendredi 7 mars 2014

JOURNÉE INTERNATIONALE DES FEMMES


Affiche pour la journée des femmes de 1914,
appelant à une grande manifestation pour le
droit de vote pour les femmes, refusé alors
en Allemagne et ailleurs. Karl Maria Stadt.
Reconnue et officialisée par les Nations unies seulement en 1977, la Journée internationale des femmes trouve son origine dans un ensemble d’antécédents historiques du début du vingtième siècle. À l'appel du Parti socialiste d'Amérique, une Journée nationale de la femme est célébrée aux États-Unis le 28 février 1909 (National Woman's Day).

Réunie à Copenhague en 1910, l’Internationale socialiste a instauré une Journée internationale de la femme le 8 mars, pour soutenir le mouvement en faveur des droits des femmes et obtenir pour elles le suffrage universel.

L’année suivante, plus d’un million de femmes et d’hommes ont assisté à des rassemblements au Danemark, en Allemagne, en Suisse et en Autriche. Ces manifestations massives exigeaient pour les femmes le droit de vote et d’occuper des postes publiques, le droit au travail et à la formation professionnelle, et la fin des discriminations sur les lieux de travail. C’était le 19 mars 1911.
L'incendie de l'usine textile Triangle Shirtwaist, le 25 mars 1911. Les corps des victimes commencent à s’amonceler sur le trottoir face au bâtiment en flammes. Photo du Syndicat international des travailleuses du textile.

Moins d’une semaine après, le 25 mars, éclate à New York le tragique incendie de l'usine Triangle Shirtwaist, qui a coûté la vie à 146 ouvrières de l’atelier de confection, pour la plupart des immigrées italiennes et juives des pays de l’Est. Coincées dans les niveaux supérieurs d’un bâtiment haut de 9 étages, 146 femmes ont été asphyxiées, brûlées vives ou sont mortes par défenestration, 71 ont été grièvement blessées. Les gérants avaient été évacués par les toits, après avoir fermé les portes de la cage d'escalier et les sorties.

Cette tragédie est l'une des plus meurtrières catastrophes industrielles de l'histoire ouvrière et a eu une influence décisive sur la législation du travail aux États-Unis, notamment sur les conditions de travail exécrables qui l’avaient provoqué.
Affiche anonyme de commémoration de
la journée internationale des femmes
produite dans les années 80, en pleine
dictature militaire par le Codepu, comité
de défense des droits du peuple.

Par la suite, le drame du 25 mars 1911 est constamment évoqué par l'Onu et dans chaque commémoration de la journée internationale des femmes, et intégré à la mémoire historique des luttes pour les droits des femmes et du mouvement ouvrier international.

La date a été retenue aussi par Lénine, le dirigeant de la révolution soviétique, qui en 1921 instaure la Journée internationale des femmes, en souvenir des premières manifestantes de Petrograd du 8 mars 1917, lors du déclenchement de la révolution en Russie. La commémoration s'établit alors dans l'ensemble des pays de l'ancien bloc de l'Est.


La journée de la femme est une des 87 journées internationales promues par l'Onu, et elle invite à cette date chaque pays de la planète à célébrer les droits des femmes. C'est une journée de manifestations à travers le monde, et aussi l’occasion d’un bilan sur la condition des femmes dans la société, de combattre les injustices et revendiquer l'égalité.

Au Chili, le 8 mars est une date particulièrement significative, car elle marque traditionnellement la rentrée politique du pays. Le début mars sonne la fin des vacances d’été, qui ont lieu en Janvier et Février, et c’est donc la rentrée pour des milliers de travailleurs du privé et du public, et aussi pour des milliers d’étudiants.

Pendant la dictature militaire du général Pinochet, les commémorations du 8 mars —systématiquement interdites et violemment réprimées—, ont été un véritable espace de défi et d'ouverte contestation à la longue tyrannie.


Les dernières commémorations du 8 mars ont trouvé la société chilienne face à des graves atteintes aux droits des femmes, notamment des restrictions de l’avortement, recul drastique d’une avancée majeure obtenue de haute lutte par les femmes au Chili.

En effet, malgré le pesant climat de terreur régnante et les forces de police qui quadrillaient la ville lourdement armées, des milliers de manifestants descendaient alors dans la rue bravant l’état de siège et scandaient des slogans contre la dictature, pour la fin de la torture et pour la libération du pays. Et pour les droits des femmes.

Emblème des luttes pour la libération des femmes et composant symbolique fondamental de la culture populaire, le 8 mars est au Chili indissociable de la longue résistance à la dictature inique, inséparable de ses leaders et ses milliers d’héros anonymes, hommes et femmes.