mardi 8 avril 2014

Adriana Rivas : mobilisation citoyenne pour dénoncer une criminelle chilienne en Australie

Les premières manifestations devant le Parlement australien à Melbourne, le 4 avril 2014. D’autres mobilisations demandant l'extradition de la tortionnaire Adriana Rivas ont eu lieu ensuite à Sydney et d’autres villes australiennes.
Adriana Rivas, citée dans plusieurs enquêtes
pour tortures, assassinats et disparitions de
personnes, en fuite de la justice chilienne
depuis 2010.
Une grande manifestation pacifique a été convoquée devant le Parlement à Melbourne pour dénoncer une ancienne criminelle chilienne installée en Australie. Les manifestants ont lancé une vaste campagne de sensibilisation et une pétition pour que Adriana Elcira Rivas González, ex sous-officier de l’armée chilienne à la retraite et ancienne membre de la redoutable DINA, soit renvoyée au Chili pour faire face à ses juges.

Adriana Rivas est accusée de participation directe à des enlèvements aggravés, d’application de tortures et de la disparition de personnes au Chili. Lors d’un entretien en 2013 à la chaîne australienne SBS, elle avait reconnu les tortures infligées par les appareils de sécurité chilienne à des milliers de prisonniers, et en a même justifié sa pratique systématique dans le but de « briser les personnes ».

Suite à la diffusion de son entretien et aux avancées du dossier au Chili,
en janvier 2014 un juge avait demandé à l’Australie l’extradition d’Adriana Rivas. L’ex agente de la DINA de Pinochet habite la banlieue sud de Sydney, et plusieurs médias locaux suivent maintenant le déroulement de la procédure, longue et complexe.

Manuel Contreras, colonel et chef de la DINA
avec Adriana Rivas en 1975. À la Tv SBS l’ex
tortionnaire a appelé cette période « la plus
belle de sa vie ».

Comme l’a rapporté récemment la chaine ABC News, l’ex agente Adriana Rivas, très proche du général Manuel Contreras et membre de la brigade « Lautaro », l’unité secrète d’extermination, est responsable de crimes contre l'humanité et a été formellement mise en cause par les aveux de Jorgelino Vergara, autre ancien agent qui a brisé le pacte de silence qui lie les anciens tortionnaires.

Installée depuis 1978
en Australie, Adriana Rivas se rendait régulièrement en visite au Chili, et avait été arrêtée en 2006 à Santiago pour son rôle dans le dossier dit « Rue Conferencia », qui concerne la disparition d’une vingtaine de personnes en 1976. Détenue quelques mois, puis mise en liberté avec l'interdiction de quitter le pays, l’ex tortionnaire a fui le Chili en 2010 et a regagné ensuite l’Australie.

Jorgelino Vergara, ancien valet personnel de Manuel Contreras et ex agent de la DINA. Son témoignage a permis d’éclairer des nombreux dossiers des droits de l’homme en souffrance. Image chaîne ABC News, Australie.

Lancée à Melbourne par des associations d’anciens exilés chiliens et soutenue par plusieurs groupes et personnalités de diverses convictions politiques, la manifestation a été relayée dans différentes villes australiennes par d’autres mobilisations analogues, visant à exiger l'accélération de la procédure d’extradition d’Adriana Rivas, et qu’elle soit enfin traduite en justice au Chili.