jeudi 13 août 2015

Hernán Ramírez Rurange, ancien général proche de Pinochet se tue pour échapper à la prison



Hernán Ramírez Rurange, ex général de l’armée de terre chilienne.
À part sa culpabilité dans l’enlèvement et le meurtre du chimiste de
la DINA Eugenio Berríos, il a été aussi complice de l’assassinat
du leader syndical Tucapel Jiménez, en février 1982.
L’ancien général de l'armée Hernán Ramírez Rurange s’est tiré une balle dans la tête la nuit du 12 août dernier à son domicile à Santiago. L’ex général, de 76 ans, un des proches d'Augusto Pinochet, a été admis à l'hôpital militaire et il y est mort pendant la nuit. Il avait été le chef de la Direction d'intelligence de l'armée (DINE), et il venait d’être condamné à 20 ans de prison ferme pour l'enlèvement et le meurtre de l'ex-chimiste de la DINA Eugenio Berríos, assassiné en Uruguay en 1993.

Ramírez Rurange et 13 autres anciens officiers à la retraite —dix Chiliens et trois Uruguayens—, ont écopé le 10 août de peines allant de 5 à 20 ans de prison ferme pour la séquestration et le meurtre d’Eugenio Berríos, ancien chimiste de la DINA. Berríos, responsable de la production d'armes chimiques pour la Direction d'intelligence nationale (DINA), avait fui le Chili en 1991 à la fin de la dictature.

Pendant l’enquête Ramírez avait révélé qu’Augusto Pinochet lui-même lui avait donné l'ordre d’exfiltrer du Chili l'ex-chimiste de la DINA en 1991. Eugenio Berríos, qui sous la dictature avait développé pour la DINA des gaz toxiques, allait alors être arrêté pour une enquête en cours et devenait un témoin extrêmement gênant. En effet, dans sa guerre contre les opposants à la dictature, la police secrète chilienne a eu recours à des gaz neurotoxiques, notamment le sarin, le soman ou le tabun.

Eugenio Berríos Sagredo, alias «Hermès», chimiste de la DINA et
membre de Quetropillán, groupe annexe à la brigade Mulchén, une
des unités d’extermination aux ordres de Manuel Contreras. Dès la
moitié des années 70 il a développé des armes chimiques et des gaz
toxiques pour la police secrète de Pinochet, en étroite collaboration
avec Michael Townley, le tueur américain de la DINA.
Le général Ramírez Rurange avait déclaré qu’au moins six généraux du haut commandement de l'armée ont été témoins de l’ordre de Pinochet d’amener le chimiste en Uruguay. Eugenio Berríos y a été conduit par des agents de la DINE et gardé au secret dans une localité côtière près de Montevideo, avec la complicité des agents de l’armée uruguayens. Il a été assassiné vraisemblablement en fin 1993, et son cadavre a été retrouvé sur une plage en 1995.

Les militaires condamnés avaient la mission d'effacer toutes les traces des crimes commis par le régime chilien, et il s'agirait de l'une des dernières opérations du plan « Cóndor », le vaste plan de répression des opposants mené conjointement par les dictatures d'Amérique du Sud entre 1970 et 1990.

L’ex général Hernán Ramírez Rurange —cité aussi pour recel d'homicide et obstruction dans d’autres dossiers juridiques pour crimes aux droits de l’homme—, devait purger sa peine à la prison spéciale de Punta Peuco, l’établissement VIP pour anciens militaires criminels.